C’est une petite sonde américaine, baptisée Juno, en orbite autour de la plus grosse planète du Système solaire depuis l’été 2016, qui révolutionne notre perception de la géante gazeuse. Jupiter, dont la caméra de la sonde a saisi le 25 février 2022, à 71000 km de distance, des images de l’atmosphère agitée, se révèle d’une complexité inattendue. On peut voir des taches et des bandes nuageuses dont les formes suggèrent une interdépendance de mouvements en rotation. Les tailles de ces structures sont difficiles à apprécier, même si l’on sait que le diamètre de la planète est d’environ onze fois celui de la Terre. Et que celui de la tache blanche circulaire, visible sur cette image, est sans doute supérieur à celui de notre planète. On comprend alors pourquoi ces gigantesques structures, qui sont le haut de la couverture nuageuse d’une planète constituée essentiellement de liquide et de gaz, connaissent des vents intenses pouvant atteindre des vitesses de 150 m par seconde. Plus de 540 km / heure ! Dans les bandes créées par des vents atmosphériques d’hydrogène, s’agitent des nuages plus ou moins colorés, dont la teinte traduit la présence d’eau, d’ammoniac, et de divers composés chimiques. Ils seraient produits par des structures tourbillonnantes profondes – jusqu’à 3000 km – non détectées autrement que par des modèles numériques.
Fascinante aussi cette ombre ovale, à l’image d’un trou noir s’apprêtant à dévorer l’astre géant, qui n’est que le signe du transit, entre le Soleil et la planète, de la lune jovienne Ganymède. Troisième satellite d’un astre qui en comprend 80, Ganymède est aussi le plus gros de tout le Système solaire. Une fois et demi la Lune, plus gros que Mercure, il contiendrait un océan liquide sous sa surface de glace, en tout plus d’eau que tous les océans de la Terre réunis.
Ce fabuleux spectacle, littéralement extraterrestre, nous rappelle que des 5000 exoplanètes découvertes depuis 1995, l’essentiel de la population de ces astres tournant autour d’autres étoiles que le Soleil est composé de « Jupiters ». Mais le seul, l’unique, l’original, c’est lui !

Alain Cirou