Planète bleue et planète vivante, la troisième planète du Système solaire continue à être observée en continu par les satellites. En témoigne cette nouvelle et première image du nouveau satellite Meteosat troisième génération (MTG) lancé par Ariane 5 le 13 décembre 2022. On y voit une grande partie du vieux continent, observé le 18 mars dernier, avec un fin niveau de résolution. Remarquez une grande partie de l'Europe du Nord et de l'Ouest, ainsi que la Scandinavie couverte de nuages, avec un ciel relativement dégagé sur l'Italie et les Balkans occidentaux. Remarquez les « rues nuageuses » créées par le vent au-dessus des îles grecques ; les champs de cumulus sur la côte libyenne. « Des détails tels que les tourbillons de nuages au-dessus des îles Canaries, la couverture de neige sur les Alpes et les sédiments dans l'eau le long de la côte italienne sont visibles sur l'image » explique l’Agence spatiale européenne (ESA) qui précise ses intentions : « Cette image représente non seulement ce qui peut être réalisé grâce à l'expertise européenne, mais notre détermination à faire en sorte que les avantages des nouvelles technologies soient ressentis par les communautés en Europe et au-delà ». En effet, plus que jamais la possession d’informations précises et incontestables est indispensable au suivi climatique et à la prévision météorologie. Face au bouleversement climatique en cours, et à ses effets sur les activités humaines, la plus haute précision est requise pour alimenter, en temps réel, les modèles numériques. Et les instruments de cette nouvelle génération de satellites Metéosat produisent non seulement des images avec une résolution beaucoup plus élevées et fréquentes que celles de la génération précédente, mais fournissent aussi de meilleures scènes en « couleurs vraies », très utiles pour mieux détecter la poussière, la brume, la fumée, les propriétés des nuages et les incendies de forêt dont la fréquence s’est fortement accrue dernièrement. Suivre l’évolution des phénomènes violents dont la fréquence et l’intensité augmentent en raison des bouleversements en cours est devenu indispensable et nécessite de disposer d’une imagerie à haute résolution fiable et renouvelable rapidement. Lorsque le système sera totalement opérationnel, des images du disque terrestre complet seront produites toutes les dix minutes.
« Les satellites de sondage MTG-S – une première pour Meteosat – embarqueront un sondeur infrarouge et un spectromètre ultraviolet visible proche infrarouge. En surveillant l'instabilité atmosphérique en trois dimensions à travers les nuages, le sondeur offrira une avancée majeure pour les alertes précoces d'orages violents et devrait fournir des informations uniques à partir de l'orbite géostationnaire sur l'ozone, le monoxyde de carbone et la composition des cendres volcaniques dans l'atmosphère » précise l’ESA.
Ces satellites Météosat de troisième génération sont construits par un large consortium d'industriels européens, dirigé par Thales Alenia Space. La constellation complète de six satellites devrait être achevée en 2026 et fournira, pour les vingt ans à venir, l’essentiel des ces données stratégiques aux scientifiques et responsables politiques européens.

Alain Cirou