
Feu l’astéroïde (semaine 57)
Cette traînée de feu – ce météore – a une histoire. Qui débute dans la nuit de dimanche 12 février quand un astronome amateur hongrois, Krisztián Sárneczky, détecte depuis l’observatoire Piszkéstető l’existence d’un objet céleste qui fonce vers la Terre. Un astéroïde, tout petit, d’environ un mètre de diamètre. Un caillou baptisé Sar2667 dont la trajectoire est rapidement calculée et l’heure précise de l’impact communiquée via le réseau twitter aux observateurs de l’Europe du Nord. Dont ceux situés dans le sud des Pays Bas où cette image a été prise à l’heure dite, peu avant 4 heures du matin le lundi 13 février dernier.
Observée et souvent filmée depuis Paris, Chartres, Rouen, Dieppe, mais également le sud de l’Angleterre, la spectaculaire désintégration dans l’atmosphère de ce petit astéroïde fut un spectacle coloré, lumineux lors de l’émission d’un puissant flash qui éclaira les paysages, et somme toute assez impressionnant. Le corps rocheux, chauffé par les molécules d’air de l’atmosphère, s’est d’abord échauffé, a brûlé, puis s’est brisé en morceaux avant de s’abimer au-dessus de la mer ou des terres. Quelques jours plus tard, aucune météorite n’avait été retrouvée.
L’événement n’est pas rare. Mais ce qui l’est d’avantage c’est que la collision d’un tel objet avec la Terre soit prédite avec une aussi grande précision. Et peu de temps avant.
Comment oublier qu’il y a presque dix ans jour pour jour, le 15 février 2013, un astéroïde de 17 mètres de diamètre s’était désintégré à vingt kilomètres d’altitude au-dessus de la ville russe de Tcheliabinsk. Blessant près d’un millier de personnes touchées par les éclats de verres des fenêtres soufflées par l’onde de choc. L’énergie libérée par la collision a été estimée à 30 fois celle de la bombe d’Hiroshima et les dernières études concernant son origine suggèrent qu’il serait un membre d’un groupe de géocroiseurs nommé Ptah (en référence à la divinité égyptienne) dont quelques éléments se seraient déjà écrasés sur terre. D’ici là à imaginer qu’il faut se méfier du ciel à la mi-février il n’y a qu’un pas… à ne pas franchir. Rien ne prouve que le petit Sar2667 soit issu de la même famille et que cette dernière soit une menace récurrente. Ce qui l’est, c’est l’exposition de notre planète aux cailloux de toutes tailles qui croisent son orbite. Le recensement de tous les objets dangereux est en cours. Pour qu’ils ne demeurent que des spectacles silencieux.
Alain Cirou
