Comète, la magnifique (semaine 54)
Ca y est ! La comète Zwicky (officiellement, C 2022 E3 ZTF) est maintenant bien visible dans le ciel de la métropole. Elle s’approche lentement mais surement de la constellation de la Petite Ourse et « frôlera » l’étoile polaire le 30 janvier avant de filer en direction de la Girafe puis du Cocher qu’elle atteindra vers le 7 février. Mais n’attendez pas trop longtemps. En effet, la Pleine Lune va gâcher le spectacle en début de mois et il est préférable, si le temps le permet, de la repérer et de l’observer dans les jours qui viennent. D’autant qu’elle est visible toute la nuit puisque proche du pôle nord céleste. Enfin, pour être précis, rappelons qu’elle passera au plus près de la Terre, à 42 millions de km, le 1 er février.
L’astrophotographe portugais Miguel Claro, qui s’est spécialisé dans la prise de vue du ciel mêlant paysages naturels, villes, monuments de nuit et objets célestes, s’est concentré là sur l’astre errant et enflammé qui repart vers l’espace profond, froid et lointain. La scène est saisie le 19 janvier dernier, tard dans la nuit, sur un fond étoilé très riche, entre les constellations d’Hercule, de la Couronne boréale et du Bouvier. Alors qu’elle était très peu visible à l’œil nu la comète, distante alors de 79 millions de kilomètres de la Terre – donc à mi-chemin du Soleil – , déploie plusieurs queues de gaz et de poussières dont une « anti-queue », peut-être due à un morceau qui s’est détaché du noyau, désagrégé sous l’effet de la chaleur, et se trouve emporté par le vent solaire. Les volutes en forme de tresses témoignent d’une activité intense et de la présence de jets puissants. La coma, verdâtre, qui ceint la tête de l’astre chevelu dénonce aussi de la présence de gaz carbonique incandescent, une émission déclenchée par le passage de la comète tout près du Soleil.
Reste qu’en dehors des explications techniques et scientifiques, la magie de cette image est totale. Elle est une flèche de feu traversant un ciel immobile composé d’astres multiples et lointains. Des étoiles qu’elle indiffère et pour qui ces poussières sont « comme rien ». Elle est aussi la preuve de la prédictibilité de la science et surtout de sa capacité à expliquer un phénomène qui a plongé des civilisations dans l’inquiétude, voire l’angoisse d’un présage de catastrophe et de mort imminente. Elle est enfin une magnifique photo de la beauté du monde et de ses phénomènes naturels. Pour qui sait y prêter attention et en attraper la lumière.
Alain Cirou